Mon GRP
Enfin sur la ligne de départ ce jour tant attendu depuis des mois. Arrivé mercredi avec Philippe F et mon père Patrick S nous rejoindra la veille du départ seul bémol nous avons du laisser Jean-Pierre N en Anjou qui a du renoncé suite à une méchante douleur au mollet ce n’est que partie remise.
Briefing la veille du départ les réjouissances ne sont pas très bonne, l’organisation décide de retarder le départ de 2 heures de violent orages sont annoncés entre 5h et 9h puis une dégradation pluvieuse qui devrait durée jusqu’a 17h à suivre un gros refroidissement, l’organisation décide de supprimer les 400m de dénivelée du « Pic du Midi » après le col du Sencours. J’ai le moral dans les chaussettes l’idée de revivre une course comme la CCC 2010 ne me branche pas du tout !
Philippe, PatrickS et NicoP
7 h vendredi matin finalement le ciel est plutôt clément bonne nouvelle les orages sont passés plus au nord sur Tarbes mais la pluie sera bien la elle, annoncée à partie de 9h et le plafond 0° descendu à 2000/2100m.
Départ dans quelques secondes les visages ce figent le silence devient pesant Hope c’est parti direction le col de Portet 2215m ou un beau ciel bleu nous ouvre la route, au sommet le vent est fort et glacial premier point de contrôle restaurant Merlans direction le col de Bastanet, le soleil nous accompagne et offre un spectacle grandiose sur les lacs du Bastan passage au col du Bastanet 2507m j’entame la longue descente vers Artigues.
Le début de la descente jusqu’au barrage de Caderolle est très technique des cailloux de gros blocs de pierres. Je suis en confiance trop d’ailleurs je tape une pierre et me voila étalé, je repars avec de belles entailles aux genoux, une bosse sur la tête, la main droite écorché. Depuis le début de la descente la pluie a fait son apparition je calme le jeu pour arriver entier à Artigues.
Artigues je pointe 34ème il faut vraiment que je ralentisse ! La pluie redouble au ravito les infos ne sont pas bonne il neige au col du Sencours je me couvre pour affronter cette nouvelle difficulté. Au sommet 2378m finalement les averses de neige sont passées s’en suit une succession de cols avec de courte montées et descentes, col de la Bonida 2302m, col d’Aoube 2369m, passage lac bleu lac vert et col de Bareilles 2238m pour arriver à la station de Hautacam 1500m cette portion est plutôt favorable je peux courir régulièrement, je pointe 37eme km62.
Le ciel se dégage et le soleil revient, je poursuis sur une longue descente vers Villelongue première base vie ou je retrouverai un sac avec des vêtements sec. Je prends 30 minutes environ pour me changer et ravitailler puis entame la longue montée vers le «Cabaliros » 2334m, de Villelongue au sommet 15.7 km et 1830m de D+ objectif basculer avant la nuit. Au pointage du Turon de Bene 1550m il reste 780m de D+ je sais maintenant que je ne serai pas au sommet avant la nuit je prends le temps de bien me couvrir, la température est de plus en plus fraiche « ça caille !!! » petit à petit les lueurs des lampes frontales dansent dans la nuit cette ascension est interminable ! Enfin je bascule avec deux autres gars dans la descente, je fais une bonne descente mes deux compagnons du moment ne suivent plus depuis longtemps.
Je file dans la nuit vers Cauterets à toute allure et c’est sur la fin de la descente que se compliquent les choses, une grosse tension derrière le genou gauche ce fait sentir, les derniers km vers Cauterets deviennent difficile.
Arrivée à Cauterets au ravito je pointe 55ème km 98 je ne perds pas trop de temps et repars, il me reste le col de Riou puis la descente sur Esquieze Sère deuxième base vie ou des vêtements sec m’attendent et je prendrai le temps de voir un kiné pour me soulager.
J’attaque le col de Riou avec un gars du coin qui me donne les détailles de la montée cela devrait aller plutôt vite, la douleur est la en montant elle est supportable, je laisse mon compagnon filé la douleur est de plus en plus présente dans ma tête.
Col de Riou 1945m j’entame la descente sur les pistes de ski de la station de Luz Ardiden, impossible d’avoir une extension de la jambe gauche complète, impossible de courir, je dois descendre en marchant « la galère » j’essaie en vain la douleur est insupportable il me faudra plus de 2 heures pour arriver à Esquieze Sére.
Je récupère mon sac de changes et file direct chez les kinés, les bénévoles sont vraiment super pendant que je suis sur la table de massage ils apportent tout ce dont j’ai besoin, une soupe, une assiette de pâtes, petit gâteaux, fruits bref je passe 1h15 à Esquieze et repars gonfler à bloc.
Le kiné ma bien dit je ne ferais pas de miracles je suis quand même soulagé, je prends conscience que figurer en haut du classement devient une utopie mais finalement cela est-il vraiment le but recherché ?
La montée vers Barèges et Tournaboup est régulière et douce quelques petits passages raide mais rien de bien méchant, j’avance bien je peux même trottiner de temps en temps. le jour c’est levé. Pointage de Tournaboup 84ème je limite la casse mais la douleur redevient plus présente je file vers le col de Barèges 2469m ce sera un véritable chemin de croix, au début le chemin monte tranquille puis devient plus chaotique c’est le retour des cailloux ça monte ça monte de plus en plus technique je progresse avec difficulté dans les blocs de pierres dans une partie plane je regarde l’altimètre qui oscille entre 1950 et 2000m je suis impatient à quand le sommet, j’arrive à la cabane d’Aygues Cluses 2156m je suis épuisé, je me repose 5 minutes il reste 300m de D+ à manger en 1km/1km5 en gros pour arriver au col de Barèges la pente est raide la descente vers le lac de l’Oule est conforme à la montée très technique je souffre les soins du kiné ne sont plus qu’un vieux souvenir ! Petite consolation les paysages sont de toutes beautés à la hauteur de la difficulté que représente ce passage. Comme le dit le « balayeur des cimes » c’est un gars qui pendant cinq ans c’est amusé à nettoyer les camps de bases de différentes expéditions d’alpinistes soi-disant amoureux de la nature « notre planète mérite un effort ».
Lac de l’Oule on retrouve un sentier plus praticable sur le retour vers Merlans plus que 400m de D+ à avaler pour rejoindre le col de Portet et la descente vers Vielle Aure et l’arrivée.
Au passage à Merlans je pointe 99ème, enfin Portet je vais basculer dans la descente un spectateur m’encourage et dit « tu as Dawa derrière toi » le premier coureur du 80km est la. Moment intense puisque Dawa Sherpa le Népalais coureur international figure emblématique du trail en montagne prends le temps de s’arrêté à ma hauteur me porte une accolade m’encourage fortement et file comme un cabri avec une facilité déconcertante dans la descente, un grand bonhomme ce Dawa !
La dernière descente dans les pistes de ski est un véritable calvaire pour moi et ma douleur qui est devenue un compagnon d’infortune depuis beaucoup trop de kilomètre, je suis frustré je ne peux pas courir je perds encore quelques places dans cette descente et surtout beaucoup de temps il me faudra plus de 2h30 pour parcourir les 12 dernier km.
2km de l’arrivée je marche lentement la douleur devient très vive un véritable supplice, j’aperçois mon père l’émotion me submerge, nous faisons le dernier km ensemble, je décide quand même de faire les derniers mètres en courant la délivrance n’en sera que plus grande au passage de la ligne je serre les poings les dents enfin tout quoi, c’est fait je suis arrivé.
Au final 122ème 33h36 pour 154 km la montée au Pic du Midi ayant été supprimée.
Un grand merci aux bénévoles, à l’organisation pour nous faire vivre ces moments, à Patrick.S pour m’avoir raccompagné à l’appart en voiture.
Un ultra en montagne n’est pas seulement une épreuve sportive mais aussi une aventure exceptionnelle, un voyage à travers des paysages de toute beautés, un voyage à travers soi ou on ce découvre totalement.
Nico.P