Pour la fin de son récit, Michel fait évidemment confiance à....
3ème jour.
Manganu, Petra Piana, L'onda, Vizzavonna
Le réveil est difficile, on est déjà au ralenti avant de commencer, après un bon petit déjeuner préparé par le gardien du refuge, nous voila à nouveau reparti, du coup, on décolle à 6h20, on va devoir marcher un peu plus sous la chaleur.
Première montée tranquille, au petit dèj, on nous a prévenus que cette étape serait très minérale, et qu'en montée comme en descente, on ne rencontrerait que de la caillasse et des passages délicats....
Et bien hormis un passage d'une quinzaine de mètre sécurisé avec une chaine, ça se passe plutôt bien.
Là on a une pensée pour notre guide du matin, en pensant à ce qui l'attend, car c'est autrement plus corsé que cette étape.
Arrivés au col, splendide panorama sur les lacs de capitellu et de Mello, c'est sur ces sentiers que se déroulera quelques jours plus tard, la Restonica, au départ de Corté.
On discute avec des randonneurs qui se désole de voir que le GR20 peut se faire avec des sacs de 8kg, et non pas 22 kg comme ils ont sur le dos, en plus, avec leurs grosses chaussures, ils ont des ampoules.
La suite est une succession de passage techniques en crêtes, jusqu'à à Bocca Muzella, avant la descente vers le refuge de Petra Piana.
Du col, on aperçoit nettement notre itinéraire qui sera la variante par les crêtes pour accéder au refuge de l'Onda.
Petit ravitaillement et c'est parti pour le chemin des crêtes, âmes sensibles, personnes sujettes au vertige, s'abstenir.
Quelques passages vertigineux, beaucoup de caillasse, de passage ou on met les mains, un superbe panorama, mais une grosse chaleur.
S’ensuit une longue descente entre pierriers, éboulis, et végétation rase pour arriver au refuge de l'Onda.
On discute avec un groupe qui décide d'arrêter là leur périple, en cause, non pas la fatigue, mais les attaques de punaises de lits dans les refuges.
Dans le groupe, 2 sont littéralement défigurées, les punaise ont du se poser la question:"où c'est qu'on pourrait bien les piquer maintenant???"
L'accueil au gite est assez froid, témoin ce panneau: «gîte accessible uniquement aux consommateurs, même en cas de pluie"
Oupsss....!!! Charmant l'accueil.
Après une assiette de charcuterie soit disant corse, le gardien se déride un peu et vient faire la causette, lui non plus n'en revient pas de notre objectif de 5 jours, on nous a dit un soir, "extra terrestre", on commence à comprendre.
Vous marchez bien, peut être vous arriverez à Vizzavonna avant la nuit....
Sortie de refuge, droit dans le pentu, 800 m de dénivelé avec tout au plus 2 virages, heureusement à ce moment là, le soleil à la bonne idée de se cacher derrière le seul nuage Corse du moment, et nous effectuons ainsi notre montée à l'ombre, et parfois même dans le brouillard.
3 jours qu'on cuisait, ça fait un bien fou de retrouver les nuages!
Bocca de Muratellu, annonce la descente, droit dans les blocs de pierres, pas vraiment de chemin, de la désescalade parfois, c'est raide, mais ça passe.
Arrive une vallée, on longe un torrent, eau limpide, cascades, vasques, appel de la vasque...mais ça, vous connaissez, je vous l'ai déjà fait.
Et il fallait que ce soit beau, car c'est interminable pour arriver à Vizzavonna, le pire, c'est quand tu rencontres les touristes en tongs, avec la glacière sous le bras, et que toi, il te reste encore une heure avant de poser ton sac...grrrrr...!!!
Finalement, après avoir longtemps cheminé en sous bois, parmi les cousins du gardien de refuge d'Usciollu, on arrive à la gare de Vizzavonna, qui marque aussi la fin du GR20 Nord, demain, à nous le sud, parait que c'est plus roulant.
Le refuge, resto en terrasse, petite discute avec des Toulousains qui le font en 10j et qui enchaîneront par le Restonica trail.
L'accueil est sympa, et on bataille un peu, mais on réussi à éviter le dortoir, et on se retrouve seul dans une chambre, cool, on en profite pour faire une petite lessive.
Même l'eau de la douche est chaude, pour peu que l'on tourne le robinet dans le bon sens...
Après le repas, (servi 2 fois), est ce le fait de la victoire de l'Italie sur l'Allemagne, le patron nous offre le digeo local, de la myrthe, sympa.
Cette fin de journée nous requinque vraiment, et on se dit à ce moment là, que le GR20, ça devrait le faire, et que ce serait vraiment trop bête de ne pas aller au bout.
4ème jour
Vizzavonna, Capanelle, Prati, Usciolu.
Départ 5h30, ça commence doucement, le cheminement se fait sur sentiers dans des forêts d’aulnes ou de pins larricio, rien de bien passionnant, et nous arrivons à Capannelle.
Ici, parlons de la plus grosse erreur de logistique de notre périple.
Dans notre souci de minimalisme et de légèreté (je ferai un détail de la tenue et du contenu du sac à dos plus loin) nous n’avons pris qu’un petit tube de crème solaire haute protection.
Et comme vous avez pu le lire, on a eu chaud, on a cuit en fait.
J’ai les avants bras cramoisis, je garderai les manchons jusque au bout, et Christine a les cuisses dans le même état.
Donc un conseil, s’il devait en être un, n’oubliez pas un vrai flacon de crème solaire, ou restez en long !
A capannelle, en discutant avec des randonneurs, ceux-ci ont eut la bonne idée de ne pas commettre la même erreur que nous, et nous pouvons ainsi nous badigeonner de crème.
La solidarité entre randonneurs existe vraiment.
Avant d’arriver au refuge de Prati, nous avons un gros coup de mou, fatigue, moral en berne, on ne s’est pas assez ravitaillé à capannelle, et on commence à le payer, la chaleur s’ajoutant à tout ça, on se demande comment on va faire pour arriver au prochain refuge, qui ne marquera pourtant pas la fin de la journée.
On s’arrête, on prend des gels overstim, avant d’attaquer une montée très raides, d’abord à l’ombre, pour finir complètement à découvert.
Enfin, dans notre malheur, c’est que même dans cet état, on double quand même du monde, et dans nos esprits de compétiteurs, ça fait du bien, on se dit qu’il y a plus mal que nous.
On s’accroche à ce qu’on peut.
Arrivée à Prati, accueil glacial, gardien antipathique au possible, un cousin ???
On arrive quand même à acheter une miche de pain, un fromage corse, et 2 Corsica cola.
Et nous voila attablés avant d’attaquer notre dernière étape estimée à 7h de marche.
On repart de ce refuge vers 16h30, les randonneurs installés au bivouac, nous regardant, nous lance des « bon courage », un peu perplexes quand même, on sent au fond d’eux, quelques interrogations sur ce type de randonneurs quittant le confort du bivouac en fin de journée pour une longue étape.
C’est long, caillouteux, heureusement, il n’y a plus de soleil.
On s’encourage, on se motive, derrière, il ne nous restera plus qu’une étape, mais en cette fin de journée, on en a vraiment pleins les baskets (parce que nous on n’a pas des grosses chaussures…).
Le refuge est maintenant en vue, et en général, qui dit refuge en vue, dit ; « t’as plus qu’une heure à marcher ».
Une dernière descente pénible, (chaque mètre est pénible de toute façon maintenant) et nous voila au refuge d’Usciolu, il est 20h30.
« Bonjour, on pourrait manger svp ?
- Non, le dernier service, c’est 18h30, et faut réserver avant 16h……sic… !!!
- Et on a réservé pour dormir.
- J’ai pas de réservation !
Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas gagné pour notre dernière nuit !
Finalement, tout le monde se détend, et le gardien nous montre enfin son coté gentil, il voulait nous faire peur le coquin….
On achète dans son épicerie ultra garnie, une boite de raviolis, et le nécessaire pour le petit déjeuner, et la marche du lendemain.
Dans ce refuge, nous discutons avec quelques groupes de jeunes très sympas.
Notamment ces Belges, partis à 6, 3 jours plus tôt, qui se retrouvent à 3 dès la deuxième étape, avec l’un d’eux ayant passé la première nuit seul dans la forêt, arrivé à 7h du matin au refuge, pile à l’heure de départ de ses 3 copains… (c’est beau la solidarité !)
J’allais oublier de vous parler de la douche.
10m de dénivelé négatif dans les cailloux, vous arrivez devant une cahute en pierres.
Et là, vous poussez la porte, et vous découvrez une magnifique douche multi jets, buses rotatives et tout le tintouin, promesse d’un excellent moment, si si je vous assure.
Sauf que là encore, il n’y a qu’un filet d’eau qui coule du haut d’un misérable tuyau.
Ils nous ont bien eut sur ce coup là, faut croire que finalement le gardien de refuge corse, est joueur !
5ème jour
Usciolu Asinau Paliri, Conca
L’étape sera longue, réveil à 4h30,la nuit a été interminable, d’abord un portable qui bip toutes les 3min, obligé de réveiller tout le monde, puis à 3h du mat, les inévitables ronfleurs en action.
Départ à 5h10, il y a suffisamment de clarté pour se passer des frontales.
Première partie en crêtes, techniques, mais agréables, le jour se lève, la montagne est magnifique, pas nous…
Nous cheminons au dessus d’une mer de nuages. Cette année, le parcours a changé, pour des raisons simplement commerciales, car le GR 20, c’est aussi un commerce, le parcours originel du GR 20 est dévié vers une bergerie et un refuge privé, balisage effacé, sentier bouché par des arbres abattus, jusqu'à une passerelle découpée à la tronçonneuse…Pas assez pour nous décourager, et d’après ce qu’on a pu entendre ici et là dans les refuges, la passerelle est en reconstruction, et la majorité des randonneurs empruntent encore « l’ancien GR ».
Nous suivons donc les marques effacées mais bien visibles, et arrivons à la passerelle, tout juste terminée de la veille, longue montée vers notre dernier sommet, le monte Incudina (2134m), descente raide, et rocheuse vers Asinau.
Corsica cola, salade de pâtes, et c’est reparti vers Bavella.
Avec la chaleur étouffante du moment, on décide d’éviter la variante alpine, et de rester sur le GR, peine perdue, on va en baver pour y arriver à ces aiguilles, cherchant le moindre point d’eau pour mouiller nos casquettes.
En même temps qu’il m’indique la source, le gardien du parking m’annonce un petit 36°c, faut pas s’aimer pour faire ça !!!
On se restaure un peu, Corsica cola, canistrelli aux amandes, et nous voila repartis vers le dernier refuge, on serre les dents dans chaque montée, et enfin l’arrivée au dernier refuge, vu qu’on avait fait la pause au col de Bavella, on ne s’y arrête pas, il ne faut pas perdre de temps si on veut arriver avant la nuit.
4h seront nécessaires pour rallier Conca, ça devrait aller, il n’y a que de la descente, et seulement une centaine de déniv + d’annoncés…et bien que néni, dans le topo, ils annoncent « quelques raides lacets », on croit les faires une fois, puis deux, puis une interminable marche en ligne de crêtes vers cette satanée brèche d’Usciolu, on la voit, mais chaque fois qu’on croit y arriver, elle se cache à nouveau derrière un pan de montagne !!!
Christine craque un peu, en fait, il n’y a plus de son, plus d’image, depuis un bon bout de temps déjà.
Dans ma tête j’envisage même de dormir sur la montagne, vu que l’heure avance, et que la nuit sera bientôt là.
On a plus de gels, plus de barres, faudra finir comme ça, et elle s’accroche.
On arrive enfin à cette biiiip de brèche près une ultime série de raides lacets, plus qu’une descente, et ce sera terminée, on entend la cloche qui sonne 21h, 15 min plus tard, on est au pied de l’église, soit après 16h d’effort.
Ça y est, on l’a fait.
Distance, environ 200km
Dénivelé, cumul positif négatif, environ 28000m
Temps de marche, environ 60heures
Une dizaine de Piètra, et autant de Corsica Cola
A suivre (prochain post) : Bilan, infos pratiques et détails techniques