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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 14:45

TDS 2012, une histoire d'eau

 

Je la sentais venir cette météo de m..., depuis 10 jours que je la suivais sur tous les sites spécialisés, pas un pour rattraper l'autre : dégradation pluvio-orageuse, la tendance se confirme.

Je n'aime pas la pluie, mais bon je me suis bien préparé cette année, physiquement je suis bien, j'ai un mental de vainqueur et puis j'ai quelques copains qui vont me suivre en live depuis leur canapé, il ne s'agit pas de décevoir.

Arrivée à Chamonix le mardi soir, récupération du bracelet bleu le mercredi matin, c'est bon je suis jugé apte.

 

Apte-au-service.JPG

 

Jeudi matin 3h45 réveil et petit déjeuner pris dans la chambre d'hôtel aux Houches, dehors il pleut. Décidemment il n'y a rien à espérer.

4h45 départ en voiture vers Chamonix, il ne pleut plus, la vie est belle. La navette nous emmène vers Courmayeur Nathalie et moi où nous arrivons une heure avant le départ de la course. Le sas se remplit doucement, 6h45 dernier point météo par Catherine Poletti : grosso modo vous avez une heure de sec devant vous, après ce sera l'enfer. 6h58 apparition de l'hélicoptère au dessus de la ligne de départ (qui suivra le peloton pendant le premier 1/4 d'heure de course), la musique qui fait monter les larmes et pan ! c'est parti.

 

Dans-le-SAS.JPG

Un "anonyme"...futur FINISHER 2012 dans le SAS

J'avais choisi sur les conseils de l'ensemble de mon staff technique de me positionner assez haut dans le sas et de ne pas trainer au départ pour éviter des bouchons dans la montée vers le col de la Youlaz. C'était certes bien présomptueux de ma part, mais au final ce fut payant, car les retardataires ont perdu beaucoup de temps lors de cette première ascension. La descente vers la Thuile est plutôt roulante même si certains passages sont rendus glissants par la pluie. Ravito rapide et c'est reparti vers le col du petit Saint Bernard. Tout va bien pour moi mais il commence à faire froid, déjà. Le brouillard ne laisse que peu de place pour le tourisme. La descente vers Bourg Saint Maurice ne présente pas de difficultés, j'y arrive avec 2 heures d'avance sur mon planning. Je suis gonflé à bloc, pour moi c'est sûr c'est une affaire qui va être vite réglée !

En fait, Bourg Saint Maurice, c'est le début de la course, on attaque à cet endroit la vraie montagne avec ses montées et ses descentes interminables loin de toute civilisation. Les conditions météo se sont durcies, la pluie ne cesse plus, elle traverse les multicouches de protection, le corps se refroidit inexorablement, il ne faut plus s'arrêter. J'arrive au mythique Passeur de Pralognan en fin d'après midi. Les merveilleux paysages que j'avais pu découvrir sur les vidéos de reconnaissance me demeureront invisibles à cause du brouillard, c'est dommage, c'est quand même un peu pour ça que je suis là. La descente vers le Cormet de Roselend est très délicate sur sa première partie, succession de rochers  glissants et de plaques de boue. J'arrive au ravito où m'attend héroïquement Nathalie qui me suit depuis le début avec les navettes de l'organisation.

Le ravito du Cormet de Roselend est un point stratégique dans la course. Pour beaucoup de coureurs ce sera aussi le dernier. L'endroit est exigu, il n'y a pas de place pour s'assoir et se restaurer, pas de place pour se changer, les accompagnants sont refoulés dehors sous la pluie pour faire place aux coureurs qui affluent. Il est environ 20h, la nuit tombe, il faut s'équiper correctement pour repartir. Les corps tremblent, les mains sont gourdes, les regards sont vides. C'est l'hécatombe, 500 coureurs décideront d'en terminer là, il faut sans doute avoir quelque revanche à prendre pour repartir dans le noir et sous la pluie.

Je repars donc, il faut vite se relancer pour se réchauffer et ne pas laisser de place à la cogitation. Et finalement je n'ai aucune raison d'arrêter, je n'ai mal nulle part, le corps tient, alors cours Forrest...

 

telechargement-copie-1.jpg

La montée au col de la Sauce s'effectue à petit rythme, je commence à me faire dépasser plus que je ne dépasse, mais le pire est à venir. Le pire arrive dans la descente vers la Gitte. Après plusieurs gamelles dans la boue ma chaussure gauche ne me tient plus très bien au pied, je resserre mon lacet Quicklace (brevet Adidas) une fois, deux fois, à la troisième fois j'ai le lacet dans la main. Il fait nuit, je suis seul, j'ai de la boue jusqu'aux chevilles, il reste une bonne heure de descente jusqu'au ravito, et j'ai un lacet dans une main et une chaussure sans lacet. Je ne dirais pas que j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux, mais cela y ressemble. Impossible de remettre ce foutu lacet dans les oeillets pleins de boue de ma chaussure avec des mains gelées, aussi j'encercle l'ensemble de la chaussure avec les 30cm de lacet qui me restent et fais une belle boucle avec double noeud. Je teste, ça ne serre pas des masses mais la chaussure me tient au pied. Je reprends ma descente en espérant rejoindre la Gitte, où je serai sauvé.

J'arrive enfin au ravito. Je suis à la fois rassuré et inquiet. Là sont en poste 2 jeunes infirmières qui s'inquiètent de ma santé.

- Bah j'ai été mieux, est-ce que vous avez de la ficelle ?

- Ah non, on n'a pas de ficelle.

Voilà, l'histoire va s'arrêter là pour moi, sur incident mécanique. De toute façon, je suis mort, j'en veux plus, je ne pourrai jamais atteindre le col du Joly avec cette chaussure. Je rejoins la salle de secours pour me mettre au chaud en attendant la navette (mais une heure et demi d'attente à cause des nombreux abandons au Cormet de Roselend). Et puis merde, pas de réseau pour prévenir Nathalie.

- J'ai trouvé de la ficelle, arrive l'infirmière avec son plus beau sourire.

 

images-copie-5.jpg

Eh bien non, ce n'est pas encore mon heure, vade retro satanas !

Je répare donc sérieusement cette chaussure et après moultes embrassades, je reprends mon chemin de pèlerin, direction le col du Joly à 19 km. C'est long 19km en montagne la nuit et depuis un moment je ne me ravitaille pas correctement, plus rien ne passe. La petite soupe du ravito du col du Joly est renvoyée par dessus bord à peine avalée, ça devient compliqué.

Heureusement le ravito suivant (les contamines) n'est qu'à 9km de descente.

 

Arrivée aux Houches

Arrivée aux Houches

Arrivé sur place, l'appétit n'est pas revenu, mais il ne reste que 16km jusqu'aux Houches et le jour va reparaitre bientôt. L'ascension de la dernière difficulté s'effectuera comme convenu sous un orage de grêle, mais désormais je sais que je tiens le bon bout. Évidemment, maintenant j'ai du mal à courir et mes pieds qui marinent depuis bientôt 24h dans leur jus commencent à être douloureux. Pas question d'ôter mes chaussures pour changer de chaussettes ou enlever les petits cailloux qui se baladent sous ma plante de pieds, je serais incapable de les relacer.

La descente de Bellevue aux Houches s'effectue en position de recherche de vitesse, c'est à dire le plus souvent sur le ventre et je rejoins le ravito où m'attend Nathalie avec une gourde de compote qui reste la seule chose que je peux avaler. Dernier verre d'eau gazeuse, dernier verre de coca, et c'est reparti pour un dernier effort.

Le reste n'est plus qu'une longue glissade vers l'arrivée.

 

Morale de l'histoire :

- il faut faire confiance aux organisateurs, mieux vaut être trop chargé que pas assez.

- il n'y a pas épais entre quelqu'un qui abandonne et quelqu'un qui  finit.

- la montagne, c'est beau... quand on la voit.

 

Apres-l-effort.JPG

lâché par ses fidèles compagnes..."snif"

Christophe LB...et adidas!!!

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commentaires

E
De dos en plus...Aucune pédagogie!!! Ah quand il faut faire du chiffre... c'est dégueulasse!!!<br /> <br /> Paye, tu contesteras après...
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G
Vous avez été flashé très largement au dessous de la vitesse autorisée a proximité des Houches.......retrait provisoire de votre certificat médical et retrait de 2 points sur les 7 obtenus en vue<br /> de l'Ultra Tour de Cham' 2013 (voir photo de votre CR)
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